Vous avez inauguré une école Pierre Perret à Castelsarrasin, votre ville natale, en avril dernier. C’était un moment fort en émotion ?
Il y a 33 ou 34 écoles en France qui portent mon nom mais celle-ci était particulière parce que c’est là que j’ai fait mes premiers pas d’écolier, quand j’avais 6 ans. J’étais très ému de voir que la cour d’école et les bâtiments n’avaient pas changé. Rien n’a bougé ! Il ne manquait que les marronniers qui, eux, sont morts. Je me suis retrouvé avec cinq vieux copains avec lesquels j’avais usé les bancs de l’école et c’est vrai qu’il y en a de moins en moins. Je suis encore un des derniers à sévir sur une scène par exemple !
« Toute mon enfance a été accompagnée par la voix de l’Occitanie sortie de la bouche de ma grand-mère »
Vous habitez en Seine-et-Marne depuis longtemps, quels liens entretenez-vous avec l’Occitanie ?
Je ne me suis jamais tellement éloigné de mes racines. Ma grand-mère, dont j’étais très proche, ne m’a jamais parlé qu’en patois. Depuis des mois et des mois j’écris sa vie et quand j’arriverai au bout, ça sera truffé de mots de patois. Ça m’amuse beaucoup de retrouver la saveur de tous ces mots occitans. Dans ma chanson Je suis de Castelsarrasin, je chante « Mémé disait Moun Diou pitchou, té bas néga fas attentiou ! » à l’époque où j’allais en cours au conservatoire à Toulouse, elle trouvait mon saxophone tellement lourd pour moi qu’elle m’aidait à le porter jusqu’à la gare tous les matins. Toute mon enfance a été accompagnée par la voix de l’Occitanie sortie de la bouche de ma grand-mère.
Vous avez écrit Vert de colère, Donnez-nous des jardins… L’écologie, c’est un sujet qui vous a toujours tenu à cœur ?
J’ai été un des tout premiers à en parler dans mes chansons. Donnez-nous des jardins, c’était il y a quarante ans, Vert de colère il y a plus de vingt ans !
En 1973, à l’époque où j’étais déjà célèbre parce que j’avais derrière moi Le Tord boyaux, Les Jolies colonies de vacances, Le Zizi, etc., j’ai écrit une chanson qui a été le plus grand bide de ma vie : C’est bon pour la santé. C’était une dérision totale de tous les produits qu’on nous vendait déjà et qui commençaient à sentir très mauvais ! Dans toutes les radios où j’allais à l’époque avec mon disque on me disait « Mais ça n’intéresse personne mon pauvre vieux ! » Ça a pris des années avant que les gens prennent conscience de tout ça. C’est malheureux parce qu’il est déjà très tard, presque trop tard, pour réagir.
Et malgré tout, vous êtes toujours optimiste ?
Je vois toujours le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide sinon je n’aurais jamais écrit une ligne, je ne me serais pas battu ! Or je n’ai jamais arrêté de me battre. Les bras en bas, je ne sais pas ce que ça veut dire. Ce qui compte, c’est de commencer déjà soi-même. On ne peut pas compter toujours sur le voisin.
« Depuis plus de cinquante ans, on élève nos cochons, nos poules, nos lapins, on a des patates, des asperges, des fraises, des poiriers… Je vais à la pêche, je vais même chercher moi-même mes pissenlits, et je suis toujours là ! »
Et vous, vous faites comment justement chez vous ?
La première chose que j’ai faite quand je suis arrivé à Nangis, dans ma propriété, c’est de faire un potager, de planter des herbes fines, des salades et d’avoir trois poules pour avoir des œufs frais le matin. Ça a beaucoup amusé ma femme qui me disait : « Ah, il se prend pour Marie-Antoinette ! » En attendant, elle était bien contente de manger mes salades fraîches et des omelettes avec des œufs de la maison, ça avait un autre goût que ceux de l’épicerie ! Et je n’ai jamais arrêté. Depuis plus de cinquante ans, on élève nos cochons, nos poules, nos lapins, on a des patates, des asperges, des fraises, des poiriers… Je vais à la pêche, je vais même chercher moi-même mes pissenlits, et je suis toujours là ! 80 % des produits que l’on mange sont de la maison, le reste on l’achète à des petits producteurs, besogneux, sérieux, propres, dans leur tête et dans leur comportement. C’est la survie pour eux et pour nous.
« Les jeunes, ils comprennent très vite. Il faut éveiller les enfants à la nature plutôt qu’aux bêtises qu’ils regardent tous les jours sur leur tablette. Il faut leur montrer qu’il y a autre chose dans la vie. Pour moi, c’est ça le combat d’aujourd’hui »
Que faudrait-il faire pour aller encore plus loin ?
Déjà, il y a plus de trente ans, quand les instits de l’école du coin me demandaient s’ils pouvaient emmener les enfants voir Pierre Perret, je leur disais « mais Pierre Perret ça n’a pas beaucoup d’importance, je préfère qu’ils viennent voir mon poulailler et les légumes ». Les poules et les lapins dans le jardin, ça les épatait. S’il y a une façon de sauver la planète, c’est avec les jeunes, parce que les vieux, eux, ils sont trop cons (rires) ! Les jeunes, on les sensibilise à ces questions par l’éducation et ils comprennent très vite. Il faut éveiller les enfants à la nature plutôt qu’aux bêtises qu’ils regardent tous les jours sur leur tablette. Il faut leur montrer qu’il y a autre chose dans la vie. Pour moi, c’est ça le combat d’aujourd’hui.
Retrouver l’intégralité de l’article dans le numéro #2 d’Oxytanie
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Jamais très loin
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