Installé dans une ancienne chapelle, le cinéma de Masseube ne manque pas de cachet avec ses lourdes portes en bois, son plafond voûté et son grand écran dans le chœur. Pas de quoi intimider les bénévoles de la Société des amis du cinéma indépendant. Faire vivre une salle dans une petite commune comme celle-ci, « c’est un vrai défi », confie Laurent, le président de l’association. Pour cet ingénieur du son, « pas forcément cinéphile à la base, le cinéma, ce n’est pas juste projeter un film sur un écran. On fait beaucoup d’animations, on fait venir les autres associations de la ville, on crée du lien. » Caroline, la jeune et unique salariée de l’association, y consacre la majeure partie de son temps.
Le Gers compte quatorze autres cinémas indépendants comme celui-ci, regroupés dans le réseau Ciné 32, qui les accompagne et mutualise la programmation depuis Auch. Avec 1 500 habitants seulement, Masseube est une des plus petites communes du réseau, mais ça n’empêche pas le cinéma d’être parmi les plus dynamiques. Il est ouvert six jours sur sept, toute l’année. « Pour survivre, on n’a pas le choix, il faut qu’on fasse le maximum de séances », explique Caroline. Certains distributeurs demandent un minimum d’entrées ou de séances pour fournir une copie, surtout quand il s’agit d’une grosse sortie. Des exigences difficiles pour une petite salle. C’est tout l’intérêt d’être en réseau. « On mesure la chance que l’on a. Sans Ciné 32 on ne pourrait pas avoir autant de films, confirme Laurent. On passe presque 50 % d’art et essai. On peut se le permettre parce qu’on n’est pas dans une logique commerciale, mais on fait des compromis. On ne veut pas devenir un cinéma élitiste. »
Et pour cela, les Massylvains savent être tenaces quand il le faut. En 2017, ils organisent un grand cycle Harry Potter, dont les huit films viennent tout juste d’être numérisés. « On a réussi à convaincre tout le monde alors qu’a priori c’était trop gros pour nous, raconte Caroline. Au final, ça a été un gros succès, avec 50 spectateurs à chaque séance. » L’année suivante, ils décident de s’attaquer à une autre saga légendaire, Le Seigneur des Anneaux. Mais les films ne tournent plus en salle. « Il a fallu convaincre directement Warner, le distributeur, de remettre une copie en circulation juste pour nous. On a dû faire des lettres de motivation, ça a duré des mois… mais on y est arrivé. On a reçu les copies quinze jours avant la première séance. » Grâce aux différentes aides et surtout au soutien de la municipalité, le ticket est à moins de 4 euros. Des choix qui paient. Le cinéma a fait 8 400 entrées en 2018. De quoi envisager l’avenir sereinement pour l’association, qui se lance même dans de grands travaux de modernisation du bâtiment. La petite bastide gasconne n’a pas fini de vivre au rythme du septième art.
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