Qu’est-ce qui roule, qui sent bon et qui vous demande de venir avec votre poche ? C’est L’épicerie du kangourou ! Depuis le 24 juin, la première épicerie itinérante zéro déchet du Gers sillonne les petites routes du département, avec chaque jour une ou deux étapes. Le principe : vous venez avec vos propres contenants (poches en tissu, bocaux, boîtes, etc.) et Anne-Sophie vous sert les produits dans la quantité que vous souhaitez, au gramme près. Et si vous n’avez pas de contenant, vous en trouverez en vente ou en consigne au camion.

« J’en avais marre de devoir aller à Auch ou à L’Isle-Jourdain pour faire mes courses, mais ça n’aurait pas été viable d’ouvrir une épicerie dans un petit village. Et en ville, ça n’aurait pas été très utile ; on trouve de plus en plus de vrac. Là, je peux toucher un public plus large, aller où il y a un vrai besoin »

Il a fallu un an à la pétillante jeune femme pour concrétiser son projet, qu’elle mûrissait depuis bien plus longtemps. Elle qui vit à la campagne, comme de nombreux Gersois, avait à cœur de créer un commerce de proximité. « J’en avais marre de devoir aller à Auch ou à L’Isle-Jourdain pour faire mes courses, mais ça n’aurait pas été viable d’ouvrir une épicerie dans un petit village. Et en ville, ça n’aurait pas été très utile ; on trouve de plus en plus de vrac. Là, je peux toucher un public plus large, aller où il y a un vrai besoin. Dans certaines communes, il n’y a rien d’autre ! À Gimont ou à Cologne par exemple, j’ai des clients qui font toutes leurs courses au camion. » 

Le déclic après un voyage à bornéo

Sur les étals colorés conçus sur mesure, des produits d’épicerie sèche (farines, sucre, pâtes, etc.) et liquide (huiles, vinaigre), des produits d’entretien et d’hygiène… mais aussi des accessoires zéro déchet dont certains qu’Anne-Sophie fabrique elle-même, comme les charlottes à saladier et les mouchoirs en tissu. Les incontournables poches en tissu, elles, sont réalisées par une couturière d’Aire-sur-l’Adour, dans les Landes.

C’est à Bornéo, en Asie du Sud-Est, que cette grande voyageuse a eu le déclic il y a sept ans. Choquée de voir des palmiers à perte de vue là où il n’y avait que de la forêt. « J’ai arrêté l’huile de palme sur-le-champ, du coup j’ai arrêté les cosmétiques aussi ! Et puis de fil en aiguille j’ai fait mes propres produits. Je me suis lancée dans le zéro déchet il y a trois ans. Je ne suis pas extrêmiste, comme tout le monde je fais ce que je peux. » Une « envie de concret » qui la décide à prendre un virage à 180 degrés dans sa vie professionnelle. La post-doctorante abandonne la recherche en écologie pour monter sa petite entreprise. « Avec beaucoup de maths et d’informatique, j’étudiais l’impact de l’agriculture sur l’environnement. Tous les polluants qu’on utilise passent dans les sols puis finissent dans l’océan. » Forcément, Anne-Sophie privilégie les bons produits et les petits producteurs, qu’elle aime aller rencontrer elle-même. Plus d’un tiers des références du camion sont locales. Du bio mais pas seulement. « Faire du bio, ce n’est pas juste avoir le label. Tous les produits que je propose, je sais pourquoi je les ai choisis, et je ne renierai pas mes principes pour ajouter des références ou avoir des produits moins chers. » De bon conseil, elle partage avec plaisir ses petites recettes et ses découvertes : les shampooings naturels et solides de Kaolin, une toute jeune société installée à Pujaudran ; les farines de blé ancien et de sarrasin bio d’un petit producteur d’Aubiet ; ou encore des pâtes bio de lentilles vertes de Goutz, au cœur du Gers… mais aussi de délicieux sablés qu’elle a dénichés en Lozère.

La douce mélodie des bocaux

Cet été, le camion était de sortie sept jours sur sept. La jeune épicière ne manque pas d’énergie. « J’adore l’ambiance de certains marchés, c’est très familial. J’aime être au contact des gens, ça me plaît d’aller à leur rencontre chez eux, là où ils se trouvent. On a un tout autre rapport. » Certains jours elle a aussi stationné son camion près des festivals. Cet hiver, à la demande de groupes de parents, elle fera les sorties d’école. « Je m’a-dap-te ! Avec mon camion je vais où je veux ! », rigole Anne-Sophie. Sur une semaine, elle parcourt ainsi entre 350 et 400 kilomètres, bercée par la douce mélodie des bocaux qui s’entrechoquent à l’arrière. Une affaire qui roule !

Retrouver l’intégralité de l’article dans le numéro #2 d’Oxytanie

Zéro déchet : faire sa transiton : un guide pratique de six pages et une recette dans le numéro #2 d’Oxytanie

L’info en +

Où la trouver ? Mirande, Auch, Fleurance, Gimont, Cologne, Lectoure, La Ferme en coton. Et d’autres à venir. Son planning est en ligne sur son site et sa page Facebook.


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