Jean-Louis Orengo est intarissable sur sa Georgette. D’ailleurs, il en a toujours quelques-unes dans un étui accroché à la ceinture, comme d’autres font avec leur couteau, même s’il explore désormais davantage les salons parisiens que les montagnes enneigées du bout du monde. Il l’a imaginée il y a vingt ans, alors qu’il était en expédition dans le Grand Nord canadien. Impossible de concevoir, à l’époque, à quel point ce nouveau couvert, mi-fourchette mi-cuillère, allait changer sa vie.
Originaire de Montpellier, Jean-Louis a passé sa jeunesse à courir les bois dans les Cévennes. « C’est là que j’ai appris à chasser, à pêcher, à cueillir et à ramasser… Je pouvais passer des heures à pister un sanglier. Je suis un peu préhistorique ! » Les études, ce n’est pas son truc. Une fois raté son bac, il passe un CAP de taxidermiste puis part en stage avec des gardes de l’Office national des forêts, dans les Pyrénées. « Je touchais du doigt la réalité de l’animal, j’observais attentivement son bec, ses plumes, ses poils, ses dents, ses pattes… Et j’ai pris l’habitude de faire des empreintes. Je remarquais des subtilités, des longueurs de griffes différentes à l’avant et à l’arrière par exemple… Les traces ont commencé à me fasciner. L’empreinte d’une patte, ça dit plein de choses : on sait si l’animal court vite, quel est son régime alimentaire, s’il est seul ou s’ils sont plusieurs, s’il a des particularités… J’ai commencé à m’obstiner. Un passionné a forcément un grain, non ? »
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Élégante et pratique
Qu’est-ce qu’elle a donc de si particulier cette Georgette ? Ne vous laissez pas tromper par son nom désuet et ses formes toutes en rondeur, c’est une innovation majeure dans le monde très formaté des arts de la table (sûrement parce que depuis la fourchette il n’y en avait pas eu !). Les grands chefs l’adorent parce qu’elle permet de mélanger les saveurs en une seule bouchée. Avec son bord affilé assez fin pour trancher la plupart des aliments, elle peut même faire office de couteau. Louée pour son originalité et son design contemporain, elle se démarque aussi par sa fonctionnalité : elle est un vrai plus pour l’autonomie des personnes handicapées ou des jeunes enfants. « Elle ne pourrait exister que pour eux », fait remarquer son créateur.
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Article extrait du numéro #1
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