« C’est un bijou dans son écrin. » En plissant les yeux pour les protéger du soleil brûlant, Sébastien embrasse le paysage du regard. Tout autour, les collines de roche rouge caractéristiques du Salagou se reflètent sur les eaux bleues du lac. Au centre, baignée de soleil, Celles se dévoile telle une cité perdue, désolée, magnétique. Les visiteurs y viennent par milliers chaque année, fascinés tant par la beauté du lieu que par son histoire hors du commun. Comment ne pas être ému en parcourant ses rues désertiques, ses ruines grillagées aux fenêtres emmurées, comme si le temps s’était soudainement arrêté il y a cinquante ans ? C’était en septembre 1969, les derniers habitants évacuaient les lieux : le village devait être englouti dans le lac, créé pour irriguer la vallée. Mais l’eau ne montera finalement jamais jusque-là. Le village était sauvé, mais il était vide : tous ses habitants l’avaient déserté et ne reviendraient jamais. « C’est encore un traumatisme, remarque Sébastien. Ils ont été expropriés mais en plus ils ont eu le sentiment d’avoir été expropriés pour rien. » Dans sa famille, le souvenir est toujours douloureux. « Je suis le seul des futurs habitants à avoir un affect terrien avec Celles, confirme-t-il. Mais je tiens à repartir sur des bases neutres, c’est pour ça que je n’ai pas voulu récupérer la maison de mon grand-père. Je n’ai pas envie de refaire le passé. » Dans ce « petit coin de paradis » où il a toujours aimé se ressourcer, il souhaite installer un atelier de dégustation pour ses vins élevés en musique, un concept innovant qu’il est en train de développer.
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Article extrait du numéro #2
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