Difficile de croire que nous sommes dans un théâtre… Et pourtant, tout y est, quoiqu’en miniature : la scène, les chaises, que l’on a entreposées dans un coin entre deux représentations, les éclairages et le mythique rideau rouge… Ici, le public peut presque toucher les acteurs, et selon la maîtresse des lieux, l’émotion n’en est que plus forte. « C’est mieux une petite salle pleine qu’une grande salle vide ! », aime à rappeler Maria, qui accueille chacun de ses visiteurs dans un sourire généreux qui remplit l’espace et les coeurs.

En quelques années, elle a fait de ce petit local HLM, dans le tout nouveau quartier du front de mer, le Petit Théâtre d’Iguarapinga : un lieu plein de vie et de couleurs, à son image. Bien loin des bureaux du ministère du Travail qu’elle occupait à Natal, métropole du nord-est brésilien, jusqu’à ce que l’amour lui fasse prendre une toute autre route… Avec Pascal, son mari, elle a quitté son Brésil natal pour la Guyane d’abord, puis pour Carcassonne, où l’attendait un second coup de foudre : le théâtre. « Sur scène, il n’y avait rien d’autre, j’oubliais tout… C’est difficile à croire mais j’étais très timide à cette époque-là ; c’est le théâtre qui m’a ouvert au monde… » Et il ne l’a plus jamais lâchée. « Au début ça n’a pas été facile ; je suivais tous les stages et les ateliers que je pouvais. Un jour, un metteur en scène m’a montrée du doigt : « Toi, ne parles pas. » Il pensait qu’avec mon accent brésilien, je ne pouvais rien jouer… Heureusement que la suite lui a donné tort. »

En 1997, le couple est de retour en Guyane. Maria crée une association, Iguarapinga, avec laquelle elle participe au carnaval, enseigne le portugais dans les écoles, donne des cours de portugais… Puis en 2006, elle monte sa propre troupe, Les Bèts de scène, puis son Petit Théâtre, sept ans plus tard.

Aussi dévouée qu’exigeante avec ses élèves, tous amateurs, Maria met en scène une pièce chaque année. Du Toc, Toc de Baffie aux Monologues du vagin, la salle est si petite qu’il faut multiplier les représentations… à chaque fois une ambiance unique.

La scène du Petit Théâtre est ouverte à qui le veut : musiciens, conteurs… « Je veux que ça soit un lieu de culture et d’échanges, que ça vive ! » Tous les mercredis, c’est aussi au Petit Théâtre que les adhérents de l’Amap de Kourou viennent récupérer leur panier de fruits et légumes bio… « Je suis toujours partante pour tout, reconnaît Maria, j’ai toujours des projets. Le secret, c’est d’aimer ce que l’on fait. Quand tu as le plaisir, tu as l’énergie ! »

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